Le soin à l’épreuve de l’organisation …. dans les services résidentiels
Mondialement nous sommes appelés à faire montre de civisme et de citoyenneté. Nations, continents, le monde sont en devoir de construire des réponses dans la solidarité. Au niveau individuel nous sommes invités à cultiver l’altérité qui nous conduit à modifier nos projets en fonction des besoins de l’autre.
Mais nous sommes de mauvais élèves dès que ces autres viennent sur notre territoire tenter de partager nos acquis, nos avoirs, nous refermons nos portes.On meurt plus en méditerranée et au-delà que de l’épidémie.
services (services résidentiels pour adultes et pour jeunes) dans lesquels nous travaillons dans cette entrée de crise sanitaire, sociale et économique nous conduisent à mettre en œuvre de l’engagement, de l’écoute, du don, du respect, de la solidarité, de l’humilité et de l’humanité. Une démarche dans laquelle il convient de restaurer et d’adapter le concept de « devoir ».
Hélas, dans quelques institutions, les rapports de « classes » prennent trop de place dans la vie institutionnelle pour entretenir, exercer toutes ces qualités. L’organisation prend le dessus. Des replis « égoïstes » font obstacles aux nécessités d’exercer dans ces valeurs en raison de combats sectoriels auxquels on a donné trop de place.
Exercer ces valeurs se heurte aux pyramides hiérarchiques, aux mouvements ascendants descendants de l’exercice du pouvoir dans ces services faute d’exercer en tout temps les réflexions horizontales qui seules peuvent entretenir cette culture institutionnelle de service.
Ce déploiement d’humanité est nécessaire pour faire reculer ces virus. Une obéissance à des instructions qui demandent à changer nos comportements individuels, nos volontés de déplacements et de consommations.
Au-delà des mesures prises par nos scientifiques et politiques nos services doivent modifier le rapport au travail. Bon nombre de nos collaborateurs peuvent exercer à distance. Les résistances des directions sont d’autant moins compréhensibles que ces solutions se justifient en termes de bon fonctionnement, d’écologie et d’économie. Mais cela demande de revisiter le rapport de l’institution aux personnes qu’elle emploie.
Ce qui est questionné ce sont les modèles d’organisation de nos services.
Copiés sur le management de l’entreprise, en raison de leur taille bien souvent, ils génèrent des préoccupations centrées sur ce management pas toujours compatibles avec ces valeurs constitutives du soin et de l’accompagnement.
Il se peut que s’inverse le sens de la mission. L’organisation se met à vivre pour elle-même.
Les priorités se modifient, « usagers » et personnels sont au service de l’organisation dans cette recherche d’autojustification et de performance. Un état d’esprit, caché derrière des slogans accueillants, qui par phénomène de cascade pourrait bien priver les « bénéficiaires » et les membres du personnel de déployer leur pouvoir d’agir, leur autonomie.
La crise que nous abordons est une opportunité de prendre du recul vis-à-vis des objectifs et moyens que nous mettons en œuvre en faveur des plus démunis, pour autant que nous les associons à ces réflexions chaque fois que c’est possible.
Lorsque les logiques gestionnaires prennent le pas dans ces organismes elles utilisent ce que l’entreprise a expérimenté en termes managérial et économiques. L’évaluation de la productivité n’a pas sa place dans notre secteur.
Luc Fouarge