Le placement fait souffrir ! Enfants, familles, magistrats, travailleurs sociaux, médecins ….
Avec les Dr Jeammet et Pomereaux, pédo-psychiatres, Jacques Plumaeckers, formateur, Luc Fouarge, Guidance Familiale, et, accompagnés par Leila Zaoui, thérapeute familiale, des experts du vécu, parents d’enfants placés.
Comment « contenir » cette souffrance, comment l’accueillir et l’accompagner pour qu’elle n’en engendre pas davantage.
Cette journée se construit autour des besoins spécifiques des personnes et services qui oeuvrent dans les champs de la Protection de l’Enfance et dans le secteur psycho-médico-social.
Elle s’appuie sur l’expertise du vécu des parents et se pense dans des processus d’interventions qui soutiennent le pouvoir d’agir des personnes concernées, partant du constat que cette position contribue à diminuer la souffrance des familles et « soulage » les professionnels de charges émotionnelles qui les conduisent vers le burnout.
« Placement » est utilisé par tous de façon indifférenciée qu’il s’agisse de mesures judiciaires ou de mesures administratives élaborées avec les parents et parfois avec le jeune concerné. Une sémentique mobilisatrice des ressources, une position basse qui par elle-même est le premier pas vers le soin, nous proposons « séjour résidentiel » pour évoquer la 2 ème catégorie.
Les autorités freinent l’accès aux services résidentiels en raison des compressions budgétaires. Cela nous oblige à mobiliser les usagers-acteurs dans les 4 points cardinaux CARL.
Un processus qui conduit la personne à être davantage Citoyenne, Actrice, Responsable et Libre.
Les « jeunes en situations complexes » ont besoin de réponses construites dans les champs de la santé mentale, du handicap et du social. Rencontres qui forcent le croisement des regards des intervenants de ces différents champs. Ces mêmes intervenants ont eux aussi besoin de ces coopérations. L’approche systémique s’efforce de déconstruire cette idée qu’il y aurait d’un côté des clients, des patients, des usagers et de l’autre des professionnels munis de référentiels.
Les difficultés de ces jeunes demandent aux intervenants de TENIR. Permanence et durée dans la (re)construction des liens sont les composants nécessaires de toutes approches soignantes. Dans ces situations, aucun service n’a une réponse « totale ». Le TENIR tient de la capacité de composer dans l’inter-institutionnalité. Les services de ces différents champs sont agréés, subsidiés, évalués par des autorités ministérielles qui travaillent peu ensemble. Cela montre combien la dimension politique s’ajoute aux réflexions cliniques et éthiques. Ces jeunes convoquent la transversalité. Quand ils peinent à sortir de leurs problèmes, nous les dirions bien « incasables », alors que l’ « incasabilité » est produite par les difficultés de mise en oeuvre de protocoles co-construits dans la transversalité.
Le systémicien se doit d’être un tricoteur de pratiques de réseaux élaborées autour, avec, à partir de la famille et de son environnement.
Le paradigme systémique nous place comme observateur et activateur de synergies éducationnelles, éducatives et soignantes, inter-disciplinaires tant avec le jeune, qu’avec sa famille et les acteurs psycho-sociaux au sein desquelles les familles peinent parfois à y retrouver leurs jeunes.
Le TENIR nécessite d’anticiper les résistances, les fuites qu’emprunteraient les jeunes, les familles et les services qui gravitent autour d’eux. Les jeunes en situations complexes en quête de ruptures ébranlent codes et cadres. Une telle démarche demande des changements de « cultures professionnelles » qui seront générées par les acteurs sensibilisés aux approches systémiques.
Il va sans dire que les magistrats, souvent seuls dans l’étude que nécessitent leurs prises de décisions, participeraient avec bonheur aux réflexions qui se mènent sur ces chantiers du déploiement des complexités.
Ces constructions demandent de l’engagement, du don, et de la bonneveillance dont nous espérons que par phénomène de cascade, ils nourrissent les familles, les jeunes et les professionnels.
Luc Fouarge, sous la bonne attention vigilante de Henri Drumez. (Directeur d’ENSSYCOFA)